Il est indéniable que les forêts jouent un rôle crucial dans la réduction des émissions de carbone dans l’atmosphère, mais selon une étude menée par des chercheurs de l’université Yale, les forêts aménagées selon les principes du développement durable pourraient présenter un avantage encore plus important.
Selon cette étude, intitulée « Carbon, Fossil Fuel, and Biodiversity Mitigation with Wood and Forests* » et publiée dans le numéro 33 du Journal of Sustainable Forestry, les émissions globales de dioxyde de carbone pourraient diminuer d’une proportion pouvant atteindre 31 % si les entreprises utilisaient du bois au lieu de l’acier ou du béton dans leurs constructions.
Toujours selon l’étude, ce remplacement pourrait entraîner une réduction de la consommation de combustibles fossiles allant de 12 à 19 %.
Pour en arriver à ces résultats, les chercheurs ont eu recours à un outil appelé « analyse du cycle de vie » afin de comparer l’effet environnemental de divers produits du bois à celui d’autres matériaux et de forêts non aménagées.
L’analyse de cycle de vie, qu’on appelle aussi analyse du berceau au tombeau, est un processus scientifique qui consiste à examiner les effets environnementaux d’un produit précis de la récolte et de la transformation des ressources naturelles aux émissions générées par l’expédition des produits jusqu’aux consommateurs et à leur élimination éventuelle.
Le processus aide les gouvernements et les entreprises à faire des choix responsables et informés et il leur permet de réduire au minimum leurs impacts sur l’environnement en se fondant sur des preuves scientifiques et non sur de simples hypothèses.
Remplacer d’autres matériaux de construction par du bois pourrait réduire les émissions
Selon la même étude, 17 % des combustibles fossiles consommés sur le globe servent à produire de l’acier, du béton, de la brique et de l’aluminium. L’acier représente à lui seul 9 % de la consommation mondiale de combustibles fossiles, ce qui ne comprend pas la consommation associée au transport ou à l’installation.
Remplacer ces matériaux de construction par des produits du bois réduirait de 10 % la consommation mondiale de combustibles fossiles, peut-on aussi lire dans l’étude.
Bien que tous les matériaux de construction à base de bois aient permis d’obtenir des économies nettes de CO2 et de combustibles fossiles comparativement aux composantes d’acier et de béton, on a obtenu les économies les plus importantes en remplaçant les poutrelles en acier par des poutres en bois.
Même le bois qui ne sert pas à fabriquer des produits durables peut contribuer à diminuer les impacts sur l’environnement
Selon les conclusions de l’étude, le fait de brûler des déchets ligneux ou du bois inutilisable ou invendable pour produire de l’énergie permet de réaliser d’autres économies de CO2 et de combustibles fossiles pendant la fabrication de produits du bois, mais pas de façon aussi efficace que si le bois avait été utilisé pour fabriquer la plupart des produits.
Il reste que cette énergie supplémentaire pourrait abaisser la consommation mondiale de combustibles fossiles d’une proportion additionnelle allant de deux à cinq % par année.
Quand on considère tous les facteurs – de la réduction de la consommation de combustibles fossiles à la diminution des émissions de CO2 issues de la production, même la quantité de CO2 qui est emmagasinée dans les produits du bois – remplacer l’acier et le béton par du bois permettrait d’éliminer une très bonne partie des émissions mondiales actuelles de CO2 qui sont imputables aux combustibles fossiles.
La récolte de bois ne représente que 20 % de la croissance annuelle
Selon la même étude, même si le fait d’utiliser plus de bois dans la construction exigerait un accroissement des récoltes, les récoltes actuelles représentent environ 20 % de la croissance potentielle de la forêt si cette dernière est aménagée de façon modérée.
La mesure dans laquelle il faudrait augmenter les récoltes pour atteindre une réduction de 10 % de l’utilisation des combustibles fossiles dépend des produits du bois et de ce qu’ils remplacent. Cette augmentation varie de 14 à 38 % de la nouvelle croissance pour des produits du bois efficients et durables qui remplacent des choses comme des poutrelles en acier.
Encore selon l’étude, dans les cas les plus efficients, on récolterait moins d’arbres qu’il en pousse, de sorte que les forêts et les taux de récolte seraient encore plus durables.
Dans une entrevue avec Science Daily, Dr Chadwick Oliver, principal auteur de l’étude, a souligné que dans de nombreuses parties du monde, le choix ne se fait pas entre une forêt aménagée de façon durable et une forêt intacte – c’est entre une forêt récoltée et une terre agricole.
« La récolte forestière crée une ouverture temporaire dont des espèces comme les papillons, les oiseaux et les chevreuils ont besoin avant que les arbres repoussent et qu’ils ne deviennent plus gros. Cependant, la conversion des forêts en terres agricoles entraîne la perte permanente de toute la biodiversité forestière », a-t-il déclaré. Par exemple, dans la forêt boréale canadienne, le taux de déboisement annuel de 0,02 % s’explique principalement par le défrichement de terres à des fins d’agriculture, de construction de routes et d’urbanisation.
L’étude conclut que s’il y assez de demande pour de nouvelles constructions et de nouveaux ponts et s’il est possible de récolter assez de bois de façon durable, on pourra réduire les émissions annuelles de CO2 de 14 à 31 % et la consommation de combustibles fossiles de 12 à 19 % en remplaçant certaines des composantes de ces nouvelles infrastructures par du bois.
* Rôle du bois et des forêts dans l’atténuation des émissions de carbone, des combustibles fossiles et des risques pour la biodiversité
Source de l’image : http://en.wikipedia.org/wiki/Building_material#mediaviewer/File:Wood-framed_house.jpg
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Le bois est clairement un matériau qui a de l’avenir, surtout pour le bois d’ingénierie. Si on est chanceux, les normes vont être modifier dans quelques années et l’industrie pourra prendre un envol salutaire.